De l’éternité du monde

Le monde est-il éternel ? Ou bien a-t-il commencé d’exister dans le temps ? C’est la question que traite saint Thomas d’Aquin dans son opuscule sur l’éternité du monde. Hector Delbosco nous fait découvrir cette question.

Quelle est la question posée par De Aeternitate Mundi ?

Pourquoi le monde n’est-il pas nécessairement éternel ?

Pourquoi n’est-il pas possible de démontrer rationnellement que le monde a un commencement temporel ?

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Résumé

Quelle est la question posée par De Aeternitate Mundi ?

De Aeternitate Mundi est le nom donné à une polémique du 13e siècle, principalement dans le cadre de l’université de Paris. En commentant Aristote, Averroès soutient la thèse suivante : comme Dieu est le premier moteur immobile, il est nécessaire qu’il meuve le monde depuis toujours. Il est donc nécessaire que le monde existe depuis toujours. Des maîtres de l’université de Paris s’opposent à cette thèse. Certains expliquent que si le monde est créé, il doit nécessairement avoir un commencement temporel. Saint Thomas n’est pas d’accord avec ces deux positions. Pour saint Thomas, il est possible de démontrer la création du monde, mais il n’est pas possible de démontrer son commencement temporel. La question du De Aeternitate Mundi est donc de savoir si on peut, ou non, démontrer rationnellement le commencement temporel du monde.

Pourquoi le monde n’est-il pas nécessairement éternel ?

Les averroïstes soulèvent quatre arguments principaux :

  • La décision divine de créer le monde est éternelle, donc le monde est éternel. Saint Thomas répond que la décision divine comprend la façon dont Dieu veut que le monde existe. Dieu peut vouloir que le monde existe avec un commencement temporel.
  • Si le monde avait eu un commencement temporel, alors il y aurait eu un changement dans la volonté divine. Saint Thomas répond que Dieu peut avoir décidé éternellement que le monde commence dans le temps.
  • Le monde, parce qu’il est inengendré, ne peut pas avoir un commencement temporel. Saint Thomas répond que la création est un mode distinct de la génération. Les choses peuvent commencer à exister non seulement par génération, mais aussi par création.
  • Le mouvement doit exister depuis toujours, donc le monde existe depuis toujours. Saint Thomas répond que le mouvement existe depuis qu’il y a des êtres mobiles.

Thomas démontre ainsi que, bien qu’il est possible que le monde existe depuis toujours, cela n’est pas nécessaire. Affirmer la nécessité du commencement temporel serait comme limiter la liberté divine. La volonté divine peut vouloir que les choses existent avec un commencement temporel.

Pourquoi n’est-il pas possible de démontrer rationnellement que le monde a un commencement temporel ?

Saint Thomas veut montrer que le commencement temporel du monde est un donné de foi, qui n’est pas démontrable par la raison. Il s’oppose aux arguments qui prétendent démontrer le commencement du monde.

  • Un premier argument consiste à dire que tout ce qui est fait possède un commencement. Saint Thomas répond que ce principe n’est pas valable universellement. Dans la création, la cause n’est pas temporellement antérieure à l’effet, parce que ce n’est pas une cause qui agit par le mouvement.
  • Puisque le monde existe « ex nihilo », il vient après le « rien ». Saint Thomas répond que créer « ex nihilo » signifie produire quelque chose dans l’être sans cause matérielle.
  • Si le monde était éternel, nous le comparerions à Dieu. Saint Thomas répond que seul Dieu est proprement éternel. Le monde créé ne peut pas être éternel, mais il pourrait avoir été créé depuis toujours, ce qui signifie qu’il serait toujours causé par Dieu.
  • Si le monde était infini, nous ne serions jamais arrivés jusqu’à aujourd’hui. Saint Thomas répond qu’on peut quand même traverser le monde, d’un point de départ à un point d’arrivée.

Il n’est donc pas possible de démontrer que le monde a eu un commencement temporel. Il est en revanche possible de démontrer que le monde est créé, qu’il dépend de la volonté divine dans son être, mais cela n’exige pas nécessairement un commencement temporel.

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