La grâce du Christ

Pourquoi faut-il que le Christ ait la grâce, s’il est Dieu ? Quelle type de grâce reçoit-il ? Le frère John Emery nous introduit à la question de la grâce du Christ chez saint Thomas.

La grâce du Christ

La triple grâce du Christ

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Résumé

La grâce du Christ

L’enseignement de saint Thomas sur la grâce (question 7 de la Tertia Pars) commence par la nécessité de la grâce dans le Christ. L’objection qui vient en premier est la suivante : « Pourquoi faut-il que le Christ ait la grâce, s’il est Dieu ? » Nous avons besoin de la grâce pour agir en communion avec Dieu, mais le Christ est déjà Dieu, et il semblerait donc qu’il n’ait pas besoin de la grâce.

C’est pour honorer notre humanité que le Christ a besoin de ce qu’il possède en plénitude et de manière infinie dans sa divinité. S’il ne possédait pas la grâce dans son humanité, ses actes seraient parfaits parce que ce sont des actes de Dieu, et il ferait peut-être ces actes avec son humanité, mais son humanité n’y coopérerait pas. Ces actes ne seraient pas pleinement humains. C’est pourquoi le Christ a tout autant besoin de la grâce que nous. Quant à son humanité, le Christ a besoin de la grâce.

Cela dit, il va recevoir cette grâce de manière plénière, parce qu’il va la recevoir non seulement pour réaliser ce qu’il lui est nécessaire de faire pour nous sauver, mais il va la recevoir comme source ; c’est-à-dire que, en recevant la grâce, nous recevons une participation à la grâce qui se trouve en lui. Nous recevons une grâce qui est du Christ : la grâce du Christ. Cette plénitude de la grâce dans le Christ va se manifester dans le fait qu’il est celui qui est le plus proche de la source de la grâce. Il est celui qui va réaliser le plus d’effets de la grâce, et il est celui qui va influer sur tous les autres en leur communiquant la grâce. Comme elle est créée dans le Christ, cette grâce n’est pas proprement infinie. Elle est finie comme toutes les choses créées par Dieu. Néanmoins, saint Thomas dit qu’elle est d’une certaine manière infinie, dans la mesure où elle est toute la grâce qu’une créature peut recevoir. Ainsi, sa grâce est plus parfaite que celle de tous les anges et de tous les saints qui, tous, participent et reçoivent aussi cette grâce qui se trouve en lui.

La triple grâce du Christ

Saint Thomas parle de trois grâces dans le Christ : la grâce habituelle – qui est la grâce que nous recevons également -, ainsi que la grâce d’union et la grâce capitale, qui sont deux grâces que nous n’avons pas, ou en tout cas, nous les possédons d’une certaine manière dans le Christ, dans la mesure où nous bénéficions du mystère du Christ.

La grâce d’union est la même réalité que l’incarnation, c’est-à-dire que nous pouvons appeler l’incarnation un don : c’est un don que Dieu se soit fait homme. C’est une grâce. Par conséquent, l’incarnation elle-même, parce qu’elle est gratuite, nous l’appelons grâce d’union. Ce n’est pas une grâce comme la grâce habituelle, quelque chose qui se reçoit dans notre humanité. Dans l’humanité du Christ – il ne reçoit pas une grâce additionnelle – mais son humanité elle-même, cette union avec son humanité, est un don.

La grâce capitale est liée à la grâce habituelle, sa grâce sanctifiante – comme nous appelons la grâce que nous-mêmes recevons -. Comme sa grâce habituelle est parfaite, il y a une causalité de cette grâce par rapport à la nôtre, par rapport à tous ceux qui reçoivent la grâce.

Saint Thomas va aller plus loin, en suivant l’enseignement de saint Paul sur le Christ comme Tête (cette comparaison qu’il utilise pour parler de l’influx et de la place du Christ dans son corps, dans l’Eglise ). Il explique que le Christ est Tête pour quatre raisons :

  • Parce que le Christ est le premier ;
  • Parce que le Christ est du même genre que nous, de la même nature que nous, qu’il partage avec nous ;
  • Parce que ce qui se trouve en lui s’y trouve de manière maximale, de la manière la plus parfaite ;
  • Parce qu’il est cause, parce qu’il influe sur les autres.

Cette capitalité du Christ va s’appliquer surtout à la béatitude qui se trouve en lui, à la grâce qui se trouve en lui – elle se trouve en lui de manière première dans la mesure où Dieu ordonne qu’il soit le premier, le premier né – et que les autres reçoivent à partir de lui. Cela, non pas dans l’ordre temporel, dans son humanité – ceux qui ont vécu avant lui reçoivent la grâce par la foi en lui qui va venir – mais tous, qu’ils connaissent ou ne connaissent pas le Christ, s’ils reçoivent la vie de Dieu, s’ils reçoivent la vie de la grâce, c’est à travers l’humanité du Christ. Saint Thomas va dire aussi que le corps du Christ est une unité, mais différente d’un corps naturel, parce qu’elle existe à des temps différents.

Pour schématiser l’enseignement de saint Thomas, nous pouvons dire que ceux qui sont au Ciel, qui sont unis le plus intimement et le plus continuellement à leur Tête, sont dans le corps de la manière la plus parfaite ; ensuite, ceux qui ont la charité, la grâce en cette vie ; ensuite, ceux qui, sans avoir la charité, mais en ayant la foi, ont déjà une certaine réalisation de cette union avec la Tête ; et ensuite, il y a ceux qui ne sont pas unis au corps actuellement, mais qui sont en puissance de s’unir à leur Tête. Tous les anges et tous les sauvés dans le Ciel, au purgatoire et sur cette terre font partie du Christ. Ils l’ont pour Tête et lui influe sur eux par sa grâce.

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