L’inhabitation trinitaire

Quelles sont les différentes expositions que saint Thomas fait de l’inhabitation trinitaire ? Comment les concilier ? Le père Guillermo Juárez nous introduit à cette question chez saint Thomas.

Qu’est-ce que l’inhabitation trinitaire pour saint Thomas ?

Saint Thomas donne-t-il une autre exposition de l’inhabitation ?

Comment peut-on accorder entre elles ces interprétations à partir de la pensée de saint Thomas ?

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Résumé

Qu’est-ce que l’inhabitation trinitaire pour saint Thomas ?

On trouve l’enseignement de saint Thomas sur l’inhabitation dans deux contextes principaux : dans la doctrine de l’omniprésence de Dieu et dans les missions invisibles du Fils et de l’Esprit Saint.

  • Comme toutes les créatures, nous sommes unis à Dieu par l’action créatrice. Cette union est celle qui fonde la présence de Dieu en tout lieu : l’omniprésence.
  • Par la grâce, nous sommes en plus unis à Dieu comme fin, comme béatitude. Cette union à Dieu est une union à Dieu comme objet, comme terme des actes de connaissance et d’amour.

Il est intéressant de noter que ces deux modes de présence sont décrits à partir de deux actions : l’action de Dieu, créatrice, et les actions de l’homme, de connaissance et d’amour de Dieu.

L’inhabitation a un fondement qui est décrit dans la Somme de théologie en trois niveaux : La grâce sanctifiante, les vertus et les opérations. La grâce sanctifiante élève l’âme, pour que d’elle puissent surgir les vertus de foi et de charité, et finalement les actes de connaissance et d’amour. Dieu, qui se trouve en toutes les créatures en tout lieu par son action créatrice, se trouve en nous par la grâce et les vertus, desquelles procèdent les actes de connaissance et d’amour par lesquels nous adhérons à Dieu comme fin.

Saint Thomas donne-t-il une autre exposition de l’inhabitation ?

La principale difficulté de l’enseignement de saint Thomas sur l’inhabitation est qu’il donne deux expositions qui paraissent opposées.

  • Dans la première (mentionnée auparavant), c’est le don de la grâce qui apparaît au début, comme fondement, et Dieu apparaît comme le terme. Il s’agit d’une exposition ascendante (du don créé au don incréé). Cette exposition se trouve aussi chez les maîtres franciscains.
  • La seconde se trouve chez saint Albert en particulier. Dans celle-ci, le don de la grâce n’apparaît pas au début, mais plutôt à la fin, comme terme, comme résultat d’une action de Dieu. C’est une exposition descendante (du don incréé au don créé).

Le point de départ est la doctrine de la circulation des créatures, qui montre de manière très imagée la sortie des créatures de Dieu comme principe, et le retour des créatures à Dieu comme fin. De même qu’il y a une influence du Fils et de l’Esprit Saint dans la sortie des réalités à partir du Père ; de même il y a une influence du Fils et de l’Esprit Saint sur le retour de la créature rationnelle à Dieu comme fin (une influence qui a comme effet les dons de la grâce). A la première influence correspond une procession temporelle du Fils et de l’Esprit Saint qui est leur présence en tout lieu ; à la seconde influence correspond une procession temporelle qui est la mission invisible du Fils et de l’Esprit Saint.

Comment peut-on accorder entre elles ces interprétations à partir de la pensée de saint Thomas ?

Cette coexistence de deux expositions de l’inhabitation dans la pensée de saint Thomas a eu pour conséquence que certains interprètes ont opté pour l’une des deux. Il y a aussi des auteurs qui pensent que, en définitive, saint Thomas n’a pas réussi à réaliser une synthèse de ces deux interprétations. Il est vrai que Thomas reprend ces deux interprétations, mais il est vrai aussi que nous pouvons trouver dans sa doctrine des éléments permettant d’accorder les deux.

Un de ces éléments, sinon le principal, est la doctrine sur le double ordre de priorité entre le don créé et le don incréé. Selon cette doctrine, est premier ce qui est postérieur depuis une autre perspective.

  • Selon l’ordre de la causalité matérielle dispositive, le don de la grâce qui dispose l’âme à recevoir le don incréé (L’Esprit Saint) est premier (exposition ascendante de l’inhabitation).
  • Selon l’ordre de la cause efficiente, exemplaire et finale, le don incréé qui influe sur nous est premier (exposition descendante de l’inhabitation).

Donc, pour Thomas, l’inhabitation est la présence de Dieu qui a son origine dans l’union de la créature rationnelle avec Lui, par la connaissance et l’amour. La connaissance et l’amour jaillissent des dons de la grâce qui sont un effet du don incréé, de Dieu comme source ultime de ces dons. Dans la théologie contemporaine, l’inhabitation prend plus souvent le nom de « communion ».

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